Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il contournait le mur de l’ancien cimetière,
Il parlait longuement, le front contre la terre,
Et puis s’en revenait tout en causant encor
À quelqu’un d’invisible
Qui passait avec lui le seuil du vieux jardin.

Ce fut aux temps tumultueux de la Toussaint
Que l’ennemi désabusé enfin
Prit la ruine et son grand mur pour cible
D’un peuple de canons qui tonnaient au lointain.
Ce qui se maintenait de la poterne blanche
Et de l’étable et du fournil et du grenier
Fut renversé, dès le matin, sous l’avalanche
Des mitrailles de fer et des bombes d’acier.

L’attaque à l’arme nue
Se déclancha des deux côtés de l’avenue
Qui mène du verger jusqu’aux bords de l’Yser ;
La baïonnette étincelait comme l’éclair,