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Tenant leur dernier né serré contre leur chair,
Haletantes et hagardes,
Des femmes se portaient du côté de la mer ;
Des chariots chargés de meubles et de hardes
Se succédaient par les chemins ;
Des vieillards s’éloignaient en plaignant leur village
Et leurs petits enfants s’agrippaient à leurs mains
Sur ces routes, par où fuyaient les attelages.

Dans la ferme des beaux marais,
Nul ne suivit ceux qui partaient :
Les poings serrés et le cœur brave,
Dans la ruine et ses amas,
On se terrait, près des soldats,
Au fond des caves.

Là-bas,
Serpentaient à travers une dune ébréchée
Les premières tranchées.
Aux heures des combats brusques mais enragés,