Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Nous ne pouvons plus croire au destin allemand.
Mais nous croyons en vous, clairs et prochains miracles,
Qui surgirez de la tempête et des débâcles
Dont tremble et brûle encor le monde immensément.

Jadis nous nous bercions aux bonheurs qui endorment.
Nous ne vivions que pour nous seuls — mais aujourd’hui
Tout se fait simple et prompt, mutuel et hardi
Et l’oubli de soi-même est devenu la norme.

L’urgence de revivre envahit nos cerveaux ;
Les vieilles vérités n’ont plus assez de force
Pour armer notre foi et dresser notre torse
En face de l’attente et de l’espoir nouveau.

Nous ne laissons rien choir de l’ancienne espérance ;
Mais nous la contrôlons afin de n’avoir point ;
Au lieu d’un frère, un ennemi comme témoin
Du vieux combat dont l’homme attend sa délivrance.