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Ô Flandre,
Voilà comment tu vis,
Âprement, aujourd’hui ;
Voilà comment tu vis
Dans la gloire et sa flamme, et le deuil et sa cendre.
Jadis, je t’ai aimée avec un tel amour
Que je ne croyais pas qu’il eût pu croître un jour.
Mais je sais maintenant la ferveur infinie
Qui t’accompagne, ô Flandre, à travers l’agonie
Et t’assiste et te suit jusqu’au bord de la mort.
Et même, il est des jours de démence et de rage,
Où mon cœur te voudrait plus déplorable encor
Pour se pouvoir tuer à t’aimer davantage.