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Tu l’entends, Dniéper, et tu l’entends, Volga,
Et toi, Seine si douce, et toi, Loire si belle,
Et toi, libre Tamise, et toi, Escaut, rebelle
Aux outrages récents comme aux vieux attentats.
Sur tes sommets neigeux où la foudre s’écrase
Tu l’entends retentir en tes gorges, Caucase.
La nuit lucide et pure et le matin lustral
Frémissent à l’entendre éclater dans l’Oural.
Avec des pleurs mêlés à sa rage infinie
Il descend longuement sur la rouge Arménie,
Il déchire Erzeroum, Mouch, Sert, Bitlis et Van,
Se glisse sur le flot et saute dans le vent
Pour aller émouvoir et troubler l’Amérique ;
Il vole de Sydney vers le Cap, en Afrique,
Il s’exalte, se multiplie et se grossit,
Mais s’il s’épand là-bas, il se ramasse ici,
Et par-dessus ville et forêt, fleuve et montagne,
Frappe à la fois ton cœur et ta gloire, Allemagne.

Tu as voulu tuer dans l’homme l’être humain
Qu’un Dieu presque tremblant avait fait de ses mains