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L’univers tournoyant m’assiège et me pénètre
Et mon cœur est coupable et fou, s’il s’interdit
D’écouter tressaillir et penser l’infini.

Angleterre !
Que tu dusses sortir de ton isolement,
Tu l’as compris soudainement
À la lueur sinistre et rouge de la guerre ;
Et c’est d’un coup
Que tu te réveillas et te dressas debout,
Plantant ta loyauté au cœur du conflit brusque.
Ta parole n’est point de celles qui s’embusquent
Au coin d’un vieux traité pour en briser un sceau.
Tu es tranquille et digne et tiens l’honneur trop haut
Pour le descendre au ras d’un marché usuraire.
Tu soutins la Belgique ardente et téméraire,
Plaçant ton cœur près de son cœur
Aux temps rouges de son malheur ;
Tu l’accueillis errante en sa fuite cruelle
Et chaque jour tu te portais au devant d’elle,