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Ainsi, pendant les jours aux aurores tragiques,
Partout, en Arménie, en Pologne, en Belgique,
Le même orage,
Dont s’ordonnait, avec férocité, la rage,
A dardé ses lueurs
Et, de village en bourg, réglementé l’horreur.

Dites, le fier bouquet de races que la terre
Élève au ciel d’un geste haut !
Races dardant la foudre ou portant le flambeau,
Races de clair esprit ou de génie austère,
Races de force ou de bonté,
Races de sourde ou d’imployable volonté,
Races des monts, des champs, des villes et des îles,
Races d’orgueil sonore ou de travail docile
Qui toutes n’ont cessé, depuis des milliers d’ans,
D’être belles mais diverses en même temps,
Avec leur instinct riche ou leur raison féconde
Pour servir à l’ardeur innombrable du monde.

C’est à tuer cette ample et fourmillante vie,
Allemagne, que ta fureur s’est asservie ;