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Son corps ne souffrit guère ;
On le mit sur son lit dans sa cabine claire,
Un rayon du couchant visita son chevet
Et son regard encor lucide apercevait
Lentement ses deux mains se dorer de lumière.

Jadis, il eût voulu mourir ainsi,
Par un soir fabuleux, en une île lointaine
Où le troène et l’asphodèle et le souci
S’émeuvent au chant clair et menu des fontaines ;
Or, depuis quatre jours l’ordre du capitaine
Nous faisait faire escale en l’île de Scyros :
De longs parfums de fleurs s’allongeaient sur les eaux
Et la brise chantait aux cordages des moufles
Si bien que ce fut elle, entrant par les hublots,
Qui recueillit et puis dispersa sur les flots
Son dernier souffle.

En uniforme roux coupé en son milieu
D’un seul rang de boutons aux fleurons militaires,