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III


Ô sainte vision des misères humaines,
Avec quelle angoissante et pathétique ardeur
Comme on étend les plis retombants d’un suaire
Je vous ai descendue à l’entour de mon cœur !

Je vis en votre deuil et je désire y vivre
Pour mieux aimer tous ceux qui sont plus hauts que moi
Par le courage intense et clair qui les enivre
Et par la fin sublime à laquelle ils ont droit.

Qu’ils succombent là-bas sur des champs de bataille,
Ou bien, un soir, sur des lits d’hôpitaux,
Leur grandeur est pareille et la France leur taille
Un semblable linceul en de mêmes drapeaux.

Et puis les endort tous en sa terre éternelle
Et, pour qu’ils soient gardés et les nuits et les jours,
Elle appelle sa sœur, la Gloire, à son secours,
La Gloire ardente, et dont, aussi, les mains sont belles