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Elle aime la conquête avec férocité :
Les guerres sont pour elle ou l’abri ou le havre ;
Elle marche sur les mourants, le pied botté,
Et son orgueil s’épand de cadavre en cadavre.

Elle est atroce et fourbe et basse à tout moment ;
Elle espère, grâce à l’horreur de cent carnages,
Quand même, un jour, river avec acharnement,
Sur l’ample humanité, son terrible visage.

Mais si tel deuil ou tel crime dût advenir
Et qu’elle réussît à hausser sa marée
Jusqu’à battre le roc sauveur de l’avenir,
L’Europe à tout jamais serait déshonorée.