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III


Un seul lui résista ne la comprenant point.
Dites, depuis quels temps peuplait-il ses montagnes
Du bruit de ses marteaux tonnant entre ses poings
Et frappant dans le fer le sort de l’Allemagne ?

Son âme était flottante aux brumes des forêts ;
Elle y rêvait le soir, quand la peur s’accumule,
À Wotan borgne et lourd qui erre et disparaît
Là-bas, vêtu d’éclairs, au fond des crépuscules.

Comme ses dieux guerriers dans leur ciel fracassant
Ne parvinrent jamais à dompter leur furie,
L’âpre Allemagne au long des jours, des mois, des ans
Ne put jamais qu’organiser sa barbarie.

Parce que ses regards s’hallucinent vers l’or
Comme ceux d’Albéric au fond des eaux, naguère,
Elle en voulut sa part formidable, d’abord ;
Elle en veut aujourd’hui la masse tout entière.