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LE CRIME ALLEMAND


On m’affirmait :
Partout où les cités de vapeurs s’enveloppent,
Où l’homme dans l’effort s’exalte et se complait,
Bat le cœur fraternel d’une plus haute Europe.

De la Sambre à la Ruhr, de la Ruhr à l’Oural,
À Cardiff, à Carmaux, en France et en Espagne,
L’ample entente disperse un grand souffle auroral
Par au-delà des monts jusqu’au fond des campagnes.

Ici le charbon fume et là-bas l’acier bout ;
Le travail y est sombre et la peine y est rude,
Mais des tribuns sont là dont le torse est debout
Et dont le verbe éclaire au front les multitudes.

Aux soirs d’émeute brusque et de battant tocsin,
Quand se forme et grandit la révolte brutale
Pour qu’en soient imposés les vœux et les desseins,
Leurs gestes fulguraux domptent les capitales.

Ils dominent l’assaut des parlements nombreux
Grâce à leur attitude ardente et réfractaire.
Ils ont le peuple immense et rouge derrière eux
Et leur grondant pouvoir est fait de son tonnerre.

— V —