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Le vent incline, avec ses bras vermeils,
De l’un à l’autre bout des horizons,
Les fleurs rouges et les fauves moissons,

— Le Sud, l’Ouest, l’Est, le Nord
Avec leurs paumes d’or,
Avec leurs poings de glace,
Se rejettent le vent qui passe.

— Voici qu’il vient des mers de Naple et de Messine
Dont le geste des dieux illuminait les flots ;
Il a creusé les vieux déserts où se dessinent
Les blancs festons du sable autour des verts îlots.
Son souffle est fatigué, son haleine timide,
L’herbe se courbe à peine aux pentes du fossé ;
Il a touché pourtant le front des pyramides
Et le grand sphinx l’a vu passer.

— La saison change, et lentement le vent s’exhume
Vêtu de pluie immense et de loques de brume.