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Lasses, quand vous dormez dans la douce chaleur,
Votre groupe est semblable à des barques remplies
D’une large moisson de soleil et de fleurs
Qu’assemblerait l’étang sur ses berges pâlies.

Et dans vos gestes blancs, sous les grands arbres verts,
Et dans vos jeux noués, sous des grappes de roses,
Coulent le rythme épars dans l’immense univers
Et la sève tranquille et puissante des choses.
 
Vos os minces et durs sont de blancs minéraux
Solidement dressés en noble architecture ;
L’âme de flamme et d’or qui brûle en vos cerveaux
N’est qu’un aspect complexe et fin de la nature.

Il est vous-même, avec son calme et sa douceur,
Le beau jardin qui vous prête ses abris d’ombre ;
Et le rosier des purs étés est votre cœur,
Et vos lèvres de feu sont ses roses sans nombre.