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Dédient aux penseurs purs leurs tâches graduées ;
Et les grappes des faits et des preuves sans nombre
Mêlent leurs feux précis aux feux mélangés d’ombres
Que les hauts constructeurs dressent, dans les nuées.

Descartes et Spinoza, Leibnitz, Kant et Hegel,
Vous les cerveaux armés pour un œuvre éternel,
Dites, en quels étaux de logique profonde,
Vous enserriez le monde
Pour le ployer et le darder vers l’unité ?
Chacun de vous plantait la fixité
Des merveilleux concepts et des fortes méthodes,
Là-haut, dans les vapeurs que le rêve échafaude ;
Tout y semblait prévu, solennel et complet ;
Mais tout à coup vos plans l’un sur l’autre croulaient ;
Du fond des horizons, d’autres ombres roulaient
Et de neuves clartés trouaient la brume épaisse,
Comme autant de chemins, vers quelque autre synthèse.