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Puis repartait, hâtant le pas,
Et le cortège et ses montures lasses
Devint, de plus en plus, une ombre dans l’espace,
Là-bas.

— Mages des nuits d’argent dont les astres caressent
Les fronts penchés vers la candeur et la bonté,
Vos regards sont ravis et vos cœurs exaltés
De croire au doux pouvoir nouveau de la faiblesse.
Mais l’homme en qui l’audace a imprimé sa loi,
Dont l’ample volonté est l’essor et la foi
Et qui part conquérir pour soi-même le monde,
Admettra-t-il jamais qu’en son âme profonde
Le règne d’un enfant fasse ployer l’orgueil ?
Pénitents, confesseurs, martyrs et saintes femmes
Pourront fleurir les temps des roses de leur deuil
Et jeter vers le Christ leur sang comme des flammes,
Ils ne changeront rien à ce qui fut toujours :
L’humanité n’a soif que de son propre amour ;
Elle est rude, complexe, ardente ; elle est retorse ;
La joie et la bonté sont les fleurs de sa force.