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Les rois mages quittaient leurs turbans et leurs armes,
Tandis que saint Joseph rangeait les fiers métaux
Qu’ils retiraient, pour les offrir, de sous les housses,
Et sur le seuil désert secouait leurs manteaux
Pleins de graviers menus et de poussières rousses.

Doucement, longuement,
Jusqu’au moment
Où l’aube pointe au firmament,
Les bons rois mages,
À la mode de leur pays,
Ont adoré leur Dieu plus doux qu’un lys,
Tel qu’on le voit sur les images.

Puis sont partis, par le désert vermeil,
À l’heure grande où montait le soleil
Dans le plein jour indubitable.
Parfois, l’un d’eux se retournait, en vain,
Pour voir encor, au loin, dans le matin,
S’illuminer la crèche et rayonner l’étable.