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— Nous arrivons du fond des temps,
Vers l’avenir trouble et flottant,
D’où rien ne transparaît encore
Si ce n’est, douce comme l’aurore,
La lueur d’un front d’enfant.
Il nous est apparu d’abord en rêve
Et nous avons erré par le steppe et la grève ;
Mais aujourd’hui, c’est bien là-bas,
Au bout du long chemin où se suivent nos pas,
Qu’il s’éclaire, ceint d’auréoles.
Une étable l’abrite, un rayon droit
Tombe du ciel et traverse le toit
Et le silence est plein de divines paroles.

— Approchez-vous, les bons mages, très doucement :
Voici sa mère, elle prépare les langes ;
Voici l’âne et le bœuf ; voici les anges
Qui chanteront sa gloire autour du firmament.
Approchez-vous encor, approchez tous les trois ;
Prenez en mains ses deux petits pieds froids
Et baisez-les : ils vont sauver le monde.