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La lumière, partout, éclate en floraisons
Que le rivage fixe ou que le flot balance ;
Les îles sont des nids où s’endort le silence,
Et des nimbes ardents flottent aux horizons.

Tout s’auréole et luit du Zénith au Nadir.
Jadis, ceux qu’exaltaient la foi et ses mystères
Apercevaient, dans la nuée autoritaire,
La main de Jéhovah passer et resplendir.

Mais aujourd’hui les yeux qui voient, scrutent là-haut,
Non plus quelque ancien Dieu qui s’exile lui-même,
Mais l’embroussaillement des merveilleux problèmes
Qui nous voilent la force, en son rouge berceau.

Ô ces brassins de vie où bout en feux épars
À travers l’infini la matière féconde !
Ces flux et ces reflux de mondes vers des mondes,
Dans un balancement de toujours à jamais !