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Et sa demeure, auprès des champs et des rivières,
Pour s’y nourrir des fruits bienveillants de la terre.
Il s’est aimé d’abord en son brutal orgueil ;
Il a planté les drapeaux de sa force, au seuil
Rouge et tumultueux des palais de la vie ;
Parfois, lorsqu’il sentait les mains de son génie
Tenir, entre ses doigts, le sort d’un peuple entier,
Il s’improvisait roi, tribun, penseur, guerrier,
Et les destins sortaient en armes de sa tête.

Bientôt l’ère naquit des nouvelles conquêtes,
La sagesse troua les cieux de son grand vol,
L’art jaillit lumineux, comme une fleur, du sol,
Et le marbre et l’écrit devinrent la pensée.
Ce fut la force en fête après la force en deuil,
Belles toutes les deux puisqu’elles sont l’orgueil,
La flamme et la splendeur de la vie embrasée.