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Et le crime rôdant autour de ses collines ;
Oh ! les nocturnes yeux de ses empereurs fous,
Les rages de Néron, les ruts de Messaline,
Les vestales criant d’amour, sous les cieux roux,
La vigne de la chair pillée, en des nuits folles,
Et tout à coup, Rome en flamme, tordant ses bras
Et dispersant, au vent de l’infini, là-bas,
La cendre en feu de ce qui fut le Capitole.
Mais néanmoins, toujours, malgré l’affre et le deuil,
Et ses maîtres qui lui mordaient son cœur austère,
Rome resta puissante et droite en son orgueil
Et projetant au loin sa force autoritaire.
Quand la brume voilait son cœur violenté,
Son poing toujours apparaissait, dans la clarté,
Si bien que, sous Trajan, Septime et Marc-Aurèle,
Elle imposa la paix à tous les fronts humains
Et que, vivant sans peur, sans fièvre et sans querelle,
L’Univers tout entier fit le rêve Romain.

Ainsi, au cours des temps pleins d’ombre ou de flambeaux,
L’homme s’est fait son corps, son verbe et son cerveau