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Le drame est né : les poètes clairs et puissants
Serrent, entre les liens des strophes souveraines,
Le rouge et lourd faisceau des passions humaines
Et le plantent dans le soleil ou dans le sang
Devant les yeux calmés ou angoissés des foules.
Le peuple vit de gloire et d’orgueil, simplement.
Il domine, retient ou déchaîne ses houles,
Mais tout, même sa rage, est un rayonnement.
Il mêle en ses transports la force à l’ironie
Et fait surgir, du fond de sa fécondité,
Pour qu’ils marquent leur temps d’un sceau d’éternité,
Toujours plus rayonnants et plus hauts ses génies.

— Et maintenant que se penchent vers leur déclin
Et la Crète et Corinthe et l’Attique et l’Épire
Dites, quelle cité couvre au loin l’Esquilin,
Notre-Dame des vieux Empires ?

— C’est Rome, et ce nom seul évoque l’univers.
Car la plaine et le mont… et le fleuve et la mer