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L’Olympe étincelant, sous sa gloire première,
Serre, autour de ses rocs, sa guirlande de dieux.
De sa gaîne de chair pesante et ramassée,
Le corps humain souple et musclé se lève droit,
Comme de la raison qui tout à coup s’accroît
Jaillit, vers des lueurs nouvelles, la pensée.
Ô ces frises de marbre, autour des temples blancs,
Où s’incruste, dans la pierre dure asservie,
Le tumulte apaisé des gestes de la vie !
Ô ces piliers quittant le sol d’un pur élan !
Ô ces jardins, ces feuillages et ces arcades
Où s’en viennent rêver ceux qui suivent Platon !
Leur maître est là, il parle, il prouve, il persuade
Et les ombres des fleurs viennent toucher son front.
La Grèce est douce et fière ; au loin, brillent les isthmes
Et le mont Lycabete et le fleuve Eurotas.
Voici passer Aristote menant au pas
Le cortège précis de ses clairs syllogismes ;
Tout appartient à la Sagesse et l’Art ; tout sert
En cet universel et suprême concert
À rendre, aux yeux de tous, plus belle et plus profonde
L’idée en or que les hommes se font du monde.