Aigus de dards lancés et de. piques debout,
Taillant, luttant, mourant, avec, dans les yeux fous,
La joie en fièvre et sang des ruts et des colères.
Et les temples et les tombeaux et les palais
De granit en Égypte et de brique en Chaldée
Dressaient vers l’infini leurs tours émeraudées ;
L’homme inventait les Dieux bienveillants ou mauvais
Pour son foyer, son champ, sa vigne et sa bourgade :
C’était au temps de Naran-Sin, tyran d’Agade,
Dans l'Élam roux, quand Suse, au pied des monts d’Anzan,
Illuminait, du feu de ses armes, l’Asie.
Là-bas, vers l’ouest, le Nil, avec ses eaux moisies,
Créait, parmi les sables mous, un sol puissant.
Peuples de laboureurs soumis au travail morne,
Isis vous présentait, captif, entre ses cornes,
Comme garant de sa puissance, le soleil.
Vous cultiviez vos champs de lumière et de boue
Patiemment, avec le soc, avec la houe,
Ne voyant que de loin vos Pharaons vermeils
La poitrine, sonore et riche d’amulettes,
Par l’ouverture en feu des portes violettes,
Sortir des murs de Thèbe et gagner le désert.
Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/37
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.