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Et les savants hardis et les émigrants gourds,
Tous, où qu’ils débarquent, passent, luttent, s’installent,
Confient aux sols nouveaux des plus lointains pays,
Avec leur fièvre active et leur travail précis,
Le grain qui fit fleurir leur âme occidentale.
 
Ô ces héros d’Europe armés de vouloirs clairs,
Actifs dans le triomphe, adroits dans les revers,
Cerveaux dominateurs de forfaits et de crimes,
Mains agraffant l’espoir à la force unanime,
Constructeurs éblouis des tours de l’avenir
Où les pierres d’argent des plus fermes idées
Brillent, de vent, d’espace et de feux inondées,
Sont-ils géants par leur ardeur à tout unir !
Ils s’oublieraient eux-même en leur œuvre féconde,
N’était qu’au Nord, là-haut, sous les brumes profondes,
Les banques de Glascow, d’Anvers et de Francfort
Guettent toujours, avec leurs yeux de fièvre et d’or,
Leurs gestes de chercheurs dispersés sur le monde.
 
La terre immense et riche et prodigue, la terre
Vivante est à celui qui la détient le mieux