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Des cris ! — et quelquefois de tragiques signaux,
Par au-dessus des fronts et des gestes des foules.
Puis un arrêt, puis un départ — et le train roule
Toujours, avec son bruit de fers et de marteaux.

La campagne sournoise et la forêt sauvage
L’absorbent tout à coup en leur nocturne effroi ;
Et c’est le mont énorme et le tunnel étroit
Et la mer tout entière, au bout du long voyage.
 
À l’aube, apparaissent les bricks légers et clairs,
Avec leur charge d’ambre et de minerai rose
Et le vol bigarré des pavillons dans l’air
Et les agrès menus où des aras se posent.
 
Et les focs roux et les poupes couleur safran,
Et les cables tordus et les quilles barbares,
Et les sabords lustrés de cuivre et de guitran
Et les mâts verts et bleus des îles baléares,