Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mais tout mon être ardent, qui brusquement puisait
Une force rugueuse, âpre et soudaine,
Dans le rouge trésor de sa valeur humaine,
Leur répondait :
 
« Je sens courir en moi une ivresse vivace.
J’ai la tête trop haute et le front trop tenace,
Pour accepter la paix et le calme mineurs
D’un doute raisonné et d’un savant bonheur,
En tels pays, là-bas, aux confins d’or du monde.
Je veux la lutte avide et sa fièvre féconde,
Dans les chemins où largement me fait accueil
L’âpre existence, avec sa rage et son orgueil.
L’instinct me rive au front assez de certitude.
Que l’esprit pense ou non avec exactitude,
La force humaine, en son torrent large et grondeur,
Mêle le faux au vrai, sous un flot de splendeurs.

Homme, tout affronter vaut mieux que tout comprendre ;
La vie est à monter, et non pas à descendre ;