Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que lui font les rayons de sa propre raison.
Tout est mirage : espace, effets, temps, causes.
L’esprit humain, depuis qu’il est lui-même, impose
Au front tumultueux de l’énorme nature,
Sa fixe et maigre et personnelle architecture.
Il s’avance, s’égare et se perd dans l’abstrait.
Les clous des vérités ne s’arrachent jamais,
Malgré l’acharnement des ongles et des mains,
D’entre les joints soudés d’une cloison d’airain.
Nous ne voyons, nous ne jugeons que l’apparence.
Qui raisonne, complique un peu son ignorance.
L’ample réalité se noue aux rêts des songes
Et le bonheur est fait avec tous les mensonges. »
 
Mon cœur et mon esprit parlaient ainsi,
Un soir d’effort lassé et de morne souci,
Quand le soleil n’était plus guère
Qu’une pauvre et vieillotte lumière
Errante aux bords de la terre.