Page:Verhaeren - La Guirlande des dunes, 1907.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Aux équinoxes d’or, quand son filet plongeait
Vers les turbots nacrés ou les saignants rougets,
Il labourait la mer violente ou tranquille,
Avec sa proue ardente et sa pesante quille,
Dans la candeur de l’aube et l’orgueil du couchant.
À sa proue en partance, on entendait un chant,
Il était un morceau de la Flandre sacrée
Qui dérivait, dans le tangage et le roulis,
Mais qui se ressoudait, sous la main des marées,
Après la journée faite et le butin conquis,
Toujours, au long des flancs de sa dune dorée.

Pourtant, un soir d’hiver
Que la tempête, au loin, là-bas,
Avait sonné jusqu’au bout de la mer,
Son glas,

Lui seul, parmi tous ceux qui s’en étaient allés,
Voiles au vent, vers leur destin bariolé,
Ne rentra pas.

Son mousse et ses marins étaient depuis longtemps
Des morts,
Que par la vaste mer et par les flots battants,