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Et va ; — son ombre
Autour de son pas lent fait de l’ombre plus sombre.

Ses pieds sont lourds et ses épaules lasses ;
Flot d’ailes blanches qui se déplacent,
Les mouettes fuient dans la nuit ;
Il les regarde, et puis s’éloigne et puis s’entête
À revenir, et puis s’en va et puis s’arrête :
Sa petite pipe de bois
Darde soudain d’entre ses doigts
Un éclat rouge.

Un garde-côte, du haut des dunes
Qui dominent les bouges,
Parfois l’interpelle de loin,
Mais le chercheur d’épaves et de fortune
Ne répond point.

Il marche et marche, avec son vieux bâton de hêtre,
Par les chemins qui font le tour de la mer ;
Il marche et marche encor — et tout son être
Est imbibé d’orage et de grands vents amers.