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Et ses palais pareils à des rêves de pierre.
Filles et gars de Flandre, oh ! seuls, vous resterez
D’accord avec l’embrun et les grands vents
Et la rauque marée et ses vagues guerrières ;
Vous êtes ceux du sol qu’on ne refoule pas,
La mer a mis en vous sa force et sa folie,
Vos yeux sont beaux de sa clarté froide et pâlie
Et son rythme puissant et lourd pèse en vos pas.


Même certains de vous, les plus hardiment braves
Charrient encore le sang des aïeux scandinaves
Dans leurs gestes épars au loin, sur l’océan.
Ils conservent en eux l’ardeur de ces géants
Qui partaient vers la mort sur leurs vaisseaux en flammes
Sans focs, sans matelots, sans boussole, sans rames,
Et se couchaient, à l’heure où le soir est vermeil,
Ivres, dans un tombeau de flots et de soleil.