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sont découverts et se sont exaltés à l’heure des chefs-d’œuvre.

Dans cette conquête de la clarté, l’effort et la vaillance de James Ensor compteront. Son geste demeurera insigne, non seulement dans l’école de son pays, mais, un jour, dans l’art occidental tout entier. Car une mise au point exacte de la victoire impressionniste se prépare partout. L’Europe entière y collabore. Certes y conservera-t-elle son rôle d’initiatrice et de propagatrice la belle et grande France. Mais la Hollande, mais l’Angleterre, mais l’Espagne, mais la Belgique s’adjugeront également, à bon droit, quelques magnifiques rayons de la gloire artistique toujours renouvelée et sans cesse voyageuse, qui s’est, jadis, presque fixé chez elles, puis s’en est allée, puis revenue pour y séjourner à nouveau.

L’histoire de l’impressionnisme ne fut tentée, pourrait-on dire, qu’au point de vue parisien. Les marchands s’y sont intéressé plus encore que les critiques. Les dithyrambes ont monté d’après les prix de vente. On put croire, à tel instant, qu’une toile était moins une œuvre d’art, qu’une valeur financière. Degas, Renoir, Monet, Cézanne et Sisley avaient leurs courtiers comme le sucre, le café, la margarine et le cacao. Tout peintre étranger admis à la côte parisienne devenait peintre et maître à son tour.

On ne le jugeait plus d’après ses origines, mais d’après les qualités qui l’apparentaient aux maîtres français. Ainsi faussait-on maint jugement. La critique met en valeur les différences entre peintres et non pas les ressemblances ou les similitudes. Les écoles nationales sont nécessaires à l’évolution complète d’une