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Je suis celle qui traîne après elle, les crimes
Les attentats soudains, les lentes trahisons.
Je suis toute ta nuit et toute ta ruine
Et tout le deuil qui rôde autour de ta maison ;
Et je règne, impunie et je marche, et j’existe.
Sans moi, sans moi, ta mère eût repoussé Égisthe
Agamemnon vivrait, à Mycènes, en roi ;
Oreste errant serait resté auprès de toi
Je suis toute ta mort.


ÉLECTRE


Tu es toute ma vie
Je ne me souviens plus de ce que fut jadis
La vengeance, l’orgueil, la colère, l’envie
Je ne sais rien. Je t’aime, et t’aime et te le dis.


HÉLÈNE
(épouvantée)


Encor ! Encor !


ÉLECTRE


Combien mon être a faim de toi !