Je suis tienne toujours, et je te remercie
D’être venu, là-bas, au travers de la mer,
Arracher ma beauté aux villes de l’Asie
Pour lui rendre l’éclat d’un nom royal et cher.
La Grèce entière a fait que la cause d’Hélène
Trop grande pour moi seul, fût celle d’un pays,
Et que du flanc des monts, jusques au fond des plaines,
D’un seul sursaut, d’un seul élan vaste et hardi,
Tout un peuple vous dédiât tout son courage.
Vous étiez sa splendeur aux horizons debout
Et les vaisseaux vainqueurs des vents et des orages
Que les vagues portaient, se soulevaient vers vous.
Laisse s’éteindre, ami, cette gloire funèbre
Dont mon cœur tremble encor, sitôt qu’il s’en souvient ;
Ma chair se meurt, hélas ! sous de lourdes ténèbres
Dont l’hôte est le silence et la nuit le gardien.
Si mon œil s’ouvre encor et s’offre à la lumière