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Quand tout n’était là-bas que de la mort qui brûle !
J’eusse arraché Hélène à son palais détruit
Et par les sentiers noirs que les bois dissimulent
J’eusse emporté ma proie au travers de la nuit.
Ainsi ont fait Énée et Créuse et Anchise


POLLUX


Certes, les dieux amis auraient guidé tes pas.


CASTOR


Oh ! combien le regret en mon âme s’attise
De n’avoir point suivi les Achéens, là-bas !
Que m’eût importé la vengeance et la haine
Et la soif et la faim, et l’affre et le danger
Dans ma fuite, de mer en mer, avec Hélène !
Nous eussions vécu seuls, sous un ciel étranger
Loin des hommes, loin des cités, loin des patries,
Ivres tous deux d’un large et violent amour.


POLLUX


Hélas, le ciel, la terre et toutes les furies