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Au bondissant assaut de deux amours infâmes,
Je surprenais en toi, debout, malgré les deuils,
La fermeté, l’ardeur, la révolte et l’orgueil
Et je te promettais mon secours et mon aide ;
Aujourd’hui, sans raison, soudain, ta force cède,
Tu ne demandes plus mon fraternel appui ;
Tu vas comme une aveugle au-devant de ta nuit ;
Plus un cri de fierté ne sonne en ta poitrine ;
Ta beauté se prépare à n’être que ruine ;
Et tout cela t’arrive, et tout cela se fait
Parce qu’un homme est mort que tu n’aimas jamais.


HÉLÈNE


L’aimer ! Je faisais mieux, je lui vouais ma vie.
Un zèle, une tendresse intime, inassouvie
Encor, et que jamais je n’avais découverts
Aux replis de ce cœur que foula l’univers,
Renouvelaient pour moi jusques au fond, mon être.
Le roi était heureux, rien qu’à me voir paraître,
À me sentir, le soir, assise auprès de lui.
J’étais le feu paisible incliné sur sa nuit,