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Ma chair est devenue errante et inféconde,
Mais tu fus oublieux et pardonnant toujours,
Et tu rouvris ta couche à mon corps adultère.
Mes larmes, les dernières,
Je te les donne à toi !
J’aurais vécu tranquille et calme sous ton toit
Dans le silence uni des heures monotones,
J’aurais penché sur ton hiver, mes fleurs d’automne
Et simplement, j’aurais aimé subir ta loi.
Ô Ménélas, époux et roi !
Me voici seule et pauvre, au seuil de ta demeure
Où hier, ton cœur parla pour la dernière fois.
Vois mes regards vaincus, vois mes beaux yeux qui pleurent,
Entends le bruit, les bruits derniers que fait ma voix.
Ils vont s’éteindre aussi dans l’ombre, sous la terre ;
Ô Ménélas, époux et roi,
Avant de te rejoindre en la nuit funéraire
Reçois ici, reçois
Mes larmes, les dernières !