Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


EUPHORAS


Castor est mort, Hélène est seule dangereuse.


POLLUX


Ne parlez point ainsi et dites-vous plutôt
Que sans elle, la gloire et ses ailes fougueuses
N’eussent touché au front la Grèce et ses héros.
L’angoisse est nécessaire aux races qui sont fortes
Et pour grandir encor, il leur faut le danger.


(Un silence)


Amis, rappelez-vous, qu’à Troie, au long des portes,
Quand le soir s’étendait sur les champs ravagés
Et qu’Hélène marchait, seule, dans la lumière,
Ceux qui la regardaient passer, du haut des tours,
Disaient : “ Que nous importent et la mort et la guerre,
Et la chute des corps sanglants sur le sol lourd
Et le fracas entre eux des chars et des armes,
Puisque rien de plus beau sous le ciel n’a vécu
Que la femme qui m.et en nos cœurs tant d’alarmes ” ?
Ils raisonnaient ainsi, et c’étaient des vaincus !