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DOM MILITIEN

Quand on est vieux comme nous, on n’a plus d’yeux pour voir tout ce qui change.


LE PRIEUR, (saisissant DOM MILITIEN par le bras
et le regardant vivement dans les yeux)

Dire qu’il y a trente ans tout était ordre et soumission ! Quand je fus élu prieur, vous seul me disputiez la place et quand je fus nommé, vous, le premier, vous vous rangiez sous moi. Peut-être n’aurais-je point eu votre sagesse si le sort m’eût été contraire. Et de quel bon conseil vous me fûtes toujours ! Dites-moi, croyez-vous vraiment que Balthazar me succédera ?

DOM MILITIEN

Idesbald autant que Thomas brigue votre place. Du jour où Balthazar sera perdu, ils se sépareront et se feront la guerre. Jusqu’à cette heure, ils sont restés unis : c’est bon signe.

LE PRIEUR

Hélas ! je ne peux plus te croire
Depuis que j’ai douté de ma toute puissance,