Et rejette vos droits anciens et routiniers,
Comme des fruits rongés de vers, hors des paniers.
Vous ignorez quel cœur s’attise en moi, vous autres !
Quelle est ma mission d’éclaireur et d’apôtre,
Moines d’orgueil, moines de faste et de blason,
Le Christ devant vous tous me donnerait raison ;
Il vous dirait : « Vous croupissez dans un silence
Pieux et lourd, derrière un mur de somnolence ;
Vous végétez ! On sonne au loin le branle-bas
Contre ma croix, dont autrefois les larges bras
Tenaient, pour le serrer contre mon cœur, le monde ;
Vous vous rapetissez, votre esprit s’inféconde ;
Le vent de Dieu ne souffle plus dans vos manteaux ;
Vous parez mon autel de fleurs, mais les bedeaux
Sont là pour l’adorner et allumer les cierges ;
Vous étouffez l’immense ardeur, la vigueur vierge,
La langue en feu qui descendit, sur mes fervents,
À Pentecôte. Hommes inutiles, souvent,
Quand je vous vois priant et gémissant ensemble,
Monotones et lents et endormis, il semble
Que je devrais vous châtier…
Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/61
Cette page a été validée par deux contributeurs.