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Regarde-moi : mes yeux sont pleins de ton ardeur
Et de ta volonté ; tu es l’aimant
Qui soulève, vers le ciel d’or et le bonheur,
Immensément mon cœur ;
Tu es la joie inassouvie
Qui incendie et consume ma vie ;
Après le Christ, je ne sais rien
Qui, plus que toi, me soit l’évidence du bien.
Frère, tu es marqué pour les actions grandes ;
Resurgis donc de ta tristesse et m’apparais
Comme autrefois, vainqueur, ô toi, qui n’es jamais
Plus beau ni plus puissant que lorsque tu commandes.

DOM BALTHAZAR

Ô doux être naïf et spontané !
Comme je t’aime et te chéris quand même,
Malgré ma peine et mes remords débâillonnés !
J’appris par toi la confiance nue,
La bonté simple et l’affolement tendre ;
Les voix les plus saintes, tu me les fis entendre,
Je les cueillis sur ta bouche ingénue
Et j’y joignis la mienne, âpre et passionnée ;
Tu me changeas un peu mon âme hallucinée,