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DOM BALTHAZAR

Mon père !

LE PRIEUR

Mon père ! Il faut renaître à la sagesse sûre,
Il faut réinstaller le calme et la mesure
En vous ; il faut broyer votre fureur ; il faut
Couper dès aujourd’hui, à coups de faulx,
Ce tas de blés mauvais, où la honte chardonne.

DOM BALTHAZAR

Je ne pourrai jamais ! Jamais !

LE PRIEUR

Je ne pourrai jamais ! Jamais ! Je vous l’ordonne.

D’un ton radouci, après un repos.

Mon fils, voici dix ans déjà que, parmi nous,
Tu vis, aimant le jeûne exsangue et le courroux
Du cilice secret et le cuisant cautère
De cette mort quotidienne et volontaire,
Que nous vivons, pour mériter le ciel, un jour !
Le Christ se réjouit de toi. Son âpre amour
Baise le sang caillé des sublimes blessures