Comme tes yeux sont beaux ! comme est fière ton âme !
Ta gloire et ton triomphe ont cette âme pour flamme.
Je te rêve là-bas, comme les blancs Valois,
En des palais joyeux et clairs, sous les verdures,
Libre d’agir en maître et de vouloir en roi.
J’aime les cieux lointains et la belle aventure…
L’air de l’Escurial est un air empesté
De violence sourde et de contrainte morne.
On n’y vit pas, Carlos, on y attend la mort.
Quand le soir tombe autour de nous, les vents y cornent
On ne sait quel appel vers un deuil noir et or
Qui se lève d’ici pour recouvrir l’Espagne.
Cirques de sable ardent, vallons, âpres montagnes,
Une cruauté sèche et tranquille les vêt,
Toujours égale et comme unie à leur nature,
Le sol y est tout à la fois gel et brûlure
Et rien ne s’y répand, que les désirs mauvais…