Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

DOM MARC

Hélas ! mon frère !

DOM BALTHAZAR

Hélas ! mon frère ! Elle sera rouge et chrétienne
Mon agonie ! et si Dieu veut que je maintienne
Debout ma force abrupte où j’ai taillé son nom,
Je montrerai, avec quel calme immense au front,
Même en ce siècle, on meurt encor, quand on est prêtre !
La confiance, après tant d’orages, va naître
Enfin, égale et magnifique en mon esprit.
J’ai hâte de mourir. J’entends déjà le cri
Des confesseurs ; j’entends les voix qui réconfortent
Et les chants des martyrs, là haut, au seuil des portes
Du ciel — et je leur crie : « Ouvrez, je suis celui
Qui s’en revient des pays d’ombre, où, dans la nuit,
Rôdent les vieux péchés avec leurs yeux en flamme :
Je suis celui qui s’en revient
Des plus lointaine confins
De son erreur et de son âme,
Sauvé par un enfant dont la douceur,
L’amour et la prière ont éclairé son cœur,