Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

descendit dans la salle complètement vide et vint prendre place aux fauteuils d’orchestre. Aussitôt d’une flambée, les lustres rallumés scintillèrent ; une clarté intense redora les murs, les colonnes, le plafond, les frises, les balcons, les promenoirs, les jardins : de partout sortirent des fantômes pâles, légers dans leur marche, grotesques dans leur pose.

Le docteur était magnétiseur de profession. Il croyait au monde surnaturel qu’il faisait vivre au moyen d’incantations et de trucs. Outre le petit marmiton, l’ange habillé d’azur, le squelette blanc, la jolie Napolitaine, annoncés au programme et évoqués, chaque soir, devant le public, il lui était arrivé, dans ses expériences en chambre, de voir naître des visions inattendues, spontanées. Appelait-il quelqu’un, elles disparaissaient. Mais pour lui, pour