Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gestion, et rougeoie de belle humeur ; il adorait tout ce qui est fort, lourd, pataud, gonflé de santé, incendié de splendeurs : les tableaux, les plâtres, les statues, les faïences, où flamboient dans l’émail, la pâte, le glacis et la couleur, les sensualités des vieux maîtres.

Les panneaux de l’appartement étaient tapissés de kermesses d’après Téniers. Sous la chaleur calmée des tons anciens, gars et gouges sautaient balourdement, en jupons bleus, en blouse rose, nouant avec leurs mains jointes par dessus la tête, d’interminables rondes autour d’une perche couronnée ; ou bien encore attablés, par bandes, le jour des mangeailles, des truands cagneux et lippus, grassement, marquaient le cou de leurs voisines d’un baiser plein.

Au plafond, sur un fond de nua-