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mains ouvertes, sur sa butte fendue
et le silence et la tranquillité,
par à travers l’éternité,
vers les terreaux couleur de cendre
de ses deux mains immensément tendues
semblent tomber et se répandre.

La madone des soirs et des mirages
grandit soudain en cris d’orage
et ses corbeaux bruyants et lourds
sur les chaumes de bourgs en bourgs
ainsi que des marteaux, font rage.

Des nuages dont les visages
passent, fendus d’un seul éclair ;
une fuite giflée à travers airs
de feuilles d’or et de branchages ;
un vent qui brasse à mains énormes
la cime au loin des chênes et des ormes
et brusquement comme un arrêt
du ciel entier autour de la forêt.