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AVRIL




Les épingles des houx cinglants et fous
crèvent le doux manteau du vent.

Le vent, il est tissé de laine
et le houx vert darde la haine
comme un casque parmi la plaine.

Le vent, il est de gaieté fière,
il court, avec des sonnettes de clarté,
ventre à terre, sur la rivière.

Le houx, il est la rage de la terre.

Les mains du vent dans les cheveux des herbes
se parfument d’odeurs acerbes,
le front du vent paraît
comme une aube dans la forêt.