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œuvres de émile verhaeren
LES BRUMES D’HIVER
Oh ! ces brumes, au long des torpides semaines !
Brumes quand l’aube point, brumes quand vient le soir ;
Tout azur est fané, toute lumière est vaine :
Voici la pluie immense et molle et l’autan noir.
Les fossés gorgés d’eau, les mares croupissantes,
Lentement, lourdement, rongent les sols fendus ;
La ferme semble morte où conduisent les sentes
Et les chemins qui vont au loin semblent perdus.
Les mendiants apparaissent près des chaumières,
Sortant des horizons où se cachent les bois :
Et les cailloux rugueux et lourds de leur prière
Se heurtent dans leur gorge et grincent dans leur voix.