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les plaines


LES FUMIERS


C’est la fête ; la fête en or des fumiers gras.
On la voit s’avancer sur des chemins de boue,
À travers les hameaux flamands, serrés en tas,
Autour de longs marais où les foulques s’échouent.

Une odeur lourde et violente envahit l’air
Et se mêle aux brouillards qui, dès le matin, fument ;
Et midi la dilate avec ses rayons clairs
Et les bêtes des prés, le cou tendu, la hument.

Et les chevaux couplés tirent sur leurs fardeaux,
Et la route reluit sous les bouses bronzées,
Et de grands coups de fouet claquent vers les échos,
Comme pour réveiller les terres épuisées.